Aimé Jacquet est né le 27 novembre 1941 à Sail-sous-Couzan. Fils de boucher, il a vécu au rythme de la nature et des valeurs ancestrales qu’elle a toujours véhiculé, la simplicité, la générosité et le respect des autres.
Le travail ne lui faisait pas peur et Aimé, s’il voulait jouer au foot, devait aider son père à la boucherie.
Très vite, il signe sa première licence au club amateur de son village, l’US Couzan. Il joue alors tour à tour gardien de but ou attaquant. Ses qualités techniques, athlétiques et mentales lui permettent d’obtenir très rapidement une belle réputation. Ne faisant alors partie que des cadets, il intègre l’équipe première de Sail lors de la saison 58-59 et dispute la finale de la Coupe de la Loire. La saison suivante il aide son club à monter d’une division.
« C’est à Sail avec une bande de copains qu’est née ma passion du football. A cette même époque, on ne parlait que des verts ».
Les recruteurs stéphanois le repèrent et on lui propose de rejoindre la réserve professionnelle de l’AS Saint-Etienne. A partir de la saison 1959-60, évoluant en amateur à l’ASSE, il découvre alors le monde ouvrier en s’installant à Saint-Chamond. En plus d’y trouver sa future femme, il apprend à connaître tout un univers qui finira par le marquer à jamais. L’entraide, la solidarité, la complicité sont des vertus dont il comprend tout leur sens au milieu de ses collègues de travail qui vont jusqu’à le couvrir lorsqu’il s’agissait de quitter son poste plus tôt pour se rendre à ses séances d’entraînement. Il en éprouvera une gratitude et une reconnaissance éternelle envers ses compagnons qui auront tout fait pour qu’il puisse assouvir sa passion.
Il signe son premier contrat professionnel en 1961. Il va devenir un milieu de terrain travailleur et se forger un palmarès impressionnant avec les verts (5 titres de champion en 1964, 1967, 1968, 1969, 1970 ; 3 coupes de France en 1962, 1968, 1970) et connaît même les joies de la sélection nationale à deux reprises.
A la fin de sa carrière, il tente un dernier challenge en allant jouer 3 ans chez le rival lyonnais (1973-1976)
Puis dans les années 1980, il démarre alors une carrière d’entraîneur à Lyon (1976-1979), Bordeaux (80-89), Montpellier (89-90) et Nancy (90-91). Accumulant trois titres de champion de France et deux Coupes de France, l’ex-joueur se forge une solide réputation
En 1991, il rejoint la Direction Technique Nationale puis devient l’année suivante l’adjoint du sélectionneur Gérard Houiller.
Suite au fiasco des éliminatoires de la Coupe du monde de 1994, Aimé prend courageusement le poste de sélectionneur (situation provisoire dit la Fédération le jour de la signature du contrat) et très vite, il impose sa marque et s’appuie sur des joueurs clés comme Didier Deschamps et Laurent Blanc. Puis en janvier 1995, Aimé Jacquet tranche. Ne tenant pas compte des critiques, il installe Zidane à la place d’Eric Cantona.
Pendant plus de 4 ans, il forge un groupe aux statistiques impressionnantes : 3 défaites seulement en plus de 50 matchs.
Mais le schéma tactique proposé par Jacquet ne séduit pas. Les critiques pleuvent et le sélectionneur doit faire face à une virulente campagne de presse avant la Coupe du monde 1998.
Le déroulement de cette dernière donne toutefois raison au sélectionneur car l’équipe de France est une redoutable mécanique parfaitement huilée que ni les blessures ni les expulsions et suspensions ne parviennent à enrayer. Et finalement à force de persuasion, en imposant ses idées avec conviction, il atteint la consécration le 12 juillet 1998 lorsque la France bat le Brésil 3-0 en finale de la Coupe du monde.
Il peut alors tirer sa révérence, fier du travail accompli et il obtient le poste de directeur technique national où il milite pour la formation sous toutes ses formes et une meilleure reconnaissance du football féminin.
Huit ans plus tard, en 2006, il prend une retraite méritée et devient consultant football sur Canal plus.
Comme il se définit lui-même, en tant que simple serviteur du football, il a connu un parcours exceptionnel mais qui ne doit rien au hasard.
Merci pour tout, Aimé.